(parole entre deux sommeils - le 7 juin 2018 à 1h55)

—> la femme à la fumée bleue le définit et lui donne un nom emblématique en l’expliquant

(version finale)

Après avoir extirpé longuement des bouffées de fumée bleues de sa brindille, elle répondit à sa question : que voulait donc dire cette expression « İpan a drega ? » On ne discernait pas vraiment dans ses mots, si elle s’exprimait au présent, au passé ou au futur, tant ce qu’elle affirmait semblait immatériel, sans âge, vaporeux, sans doute, en cause beaucoup de cette fumée bleue…
Lentement, elle lâche dans son dialecte :

ipane,
ipane ipo akimisé, couli si manisé drega tar,
pane ipane agui édar ;
ipane a drega ditanéé isé,
ipane ane ahitis maur, direaa edréga taa iatisé,
épane fo doma ito iataa iatisé drega, taa maya ti ousourech sita iss a itouff,
iha tiss égreda taa nimane a ;
ipane a y grégati disé,
ipane in a éta iséé,
ipane a drega…
İpanadrega !

(ajout)

Une bonne âme lui traduisit cela dans un langage approprié :

« İpane, »
celui qui part
« İpane’a ipo akimisé, couli si manisé drega tar »
celui qui part - de par le monde pour s’en instruire
« pane İpane agui édar »
qui avance part – apaisé par les vivants
« İpane a drega ditaniéé isé, »
celui qui part – parce qu’il est vivant – tout en lui le pousse au voyage
« İpane ane ahitis maur, direaa edréga taa iatisé »
celui qui part – sa trace ajoutera une virgule à la vie, il avance
« İpane fo doma ito iataa iatisé »
celui qui part - tout en lui le pousse au voyage
« drega taa maya ti ousourech sita iss a itouff, »
parce qu’il est vivant – en vieillissant il découvrira ce que nous savons tous, avons toujours su
« iha tiss égreda taa nimane a ; »
tu ne feras que réveiller ce qui dormait en toi
« İpane a y grégati disé, »
celui qui part – s’éveillera en avançant
« İpane in a éta iséé, »
celui qui part – tout en lui le pousse au voyage
« İpane a dreega… »
celui qui part – parce qu’il est vivant
« İpanadrega »
celui qui part, parce qu’il est vivant

La traductrice lui exprima ensuite une seconde interprétation plus philosophique peut-être ?

« Celui qui parle en soi est alors du vivant, celui apaisé par le vivant, celui qui décèlera une part de ce message oublié par bien des vivants, c’est cela le sens quand l’on dit “İpan a drega” ; tu apportes une expérience à tes semblables à ta manière, malgré cela, tu t’en iras en mourant et ta trace ajoutera une virgule à la vie, tu es de la vie qui se parle à elle-même et qui l’évoquera à travers ce que tu diras, c’est pour ça que l’on t’a donné ceci, parce que l’on pense bien la connaître, ton histoire, et ce que tu feras et raconteras, on n’en ignore rien, c’est pour ça que l’on te donne ce propos emblématique ; tout ce que tu sauras, nous le saurons tous, nous le savons tous déjà, nous l’avons toujours su, tu ne feras que réveiller ce qui dormait en toi, voilà tout ! C’est notre commun à tous ! »

Elle ajoute ensuite, comme une mise en garde :

« Mais sachant tout cela, méfie-toi, ne l’invoque pas comme un savoir sacré, ne te prend pas pour un prophète ni un quelconque être élu ni ne te berce de choses divines, elles ne s’avèrent pas véritables ni vérifiables, elles ne sont plus, elles ont été ; demain sera un autre jour… »

Comme une sorte de prévenance face à l’émergence d’une possible croyance qu’il pourrait revendiquer comme une révélation… là aussi, la fumée bleue pourrait bien influencer les esprits fragiles.