en préalable à tout le reste…

[ post-scriptum ]

On ne sait pas pourquoi une envie irrépressible donna le besoin de transcrire tous ces récits ? On ne sait pas plus pourquoi ils se sont immiscés de la sorte dans la pensée, on laissa faire toutefois l’instinct de la bête… Probablement beaucoup de superflus dans ces racontements ? Ils n’ont aucun propriétaire, de toute façon… N’allez pas croire à des choses non plus, des mythes que l’on détériore tout au plus… Et puis, cette expression qu’un peuple innommé aurait apportée au sein des récits, cinq phonèmes en guise de titre, sonorités venues d’on ne sait où, répétant sans fin de « ne pas oublier nos origines… », « pourquoi donc ? », interrogation lancinante de l’animal au fil des racontements…

Pour se faire une idée de ce qu’on y raconte, il y eut bien ce récit venu en marchant dans la forêt, il s’immisça au fil des pas à travers ces mots :

Oui au plus loin des maisonnées les chemins n’étaient pas plus ordonnés, seulement quelque peu sauvages, d’une manière moins déflorée ; à la place des onctueux passages on avait élagué modérément sans trop d’embarras, juste le début d’un sentier pour quelques pas maladroits, peut-être, mais suffisants pour un avancement ; voir par-devant, juste parvenir aux champs les plus lointains, au pied des monts, des barrières que l’on atteint, pour une pause jusqu’à demain, pour une pause jusqu’au matin… Velléité des transports, oui, ici ce n’était pas urbain, le déplacement se perpétuait à pied et l’on gambadait sur le chemin ; point de véhicules munis de ces formes rondes qui apportent le roulement, là où l’on avait défriché pour le lendemain, pour devancer les progressions suivantes qui attendaient le long du tracé, l’avancée se parcourait de la sorte, par petits bonds, par étapes, par coupes régulières, elle s’engageait peu à peu avec prudence. On ajoutait parfois une sorte d’errance dans la ligne droite, passablement perturbée par la courbure d’un rocher qui faisait ondoyer la route dans son déploiement, c’était tranquillement que l’on progressait, défrichant pour un cheminement obstiné : atteindre une côte, atteindre un océan, atteindre un quelconque nirvana, quelque chose dont on rêve en grand, quelques idées que l’on garde du voyage, par petits pas s’en venant, l’avancée se poursuivait paisiblement. Avez-vous vu ces pareils accoutrements déboussoler le moindre voyageur quelque peu délicat qui, dans un nivellement, s’écroule à cause de sa dernière foulée maladroite ; il avançait si gaillardement qu’une enjambée de travers lui échappa… Ces aventures n’étaient pas coutumières à ces endroits que l’on avait déflorés, elles innovaient vers de nouveaux attraits des au-delàs dont on ne savait ce qu’ils apporteraient, et bien voilà ! maintenant, vous savez, c’est ici et bien là ! Aucun préjudice sinon quelques traits, des coupes transversales sur des arabesques ligneuses démunies que l’on brisa pour la route pour qu’elle soit unie. Nul embarras ne les interroge en somme dans cet avancement, ces bêtes de somme, sans le comprendre peut-être, ils perpétuent les premiers déplacements du vivant, devenu au fil du temps, son premier principe : « trouver le chemin ! Et si l’on ne le trouve pas, l’inventer en défrichant ! »

(extrait du chapitre 53. « histoire du mouvement », du premièrement)

Tous les racontements venus au sein de ces avancements sont en quelque sorte un compte rendu des parcours, où parfois l’on s’égare et se perd, certes, mais les chemins sont confus, il faudra encore défricher, et plus encore les déchiffrer, et cela prend du temps…

—> voir version intégrale de « en préalable à tout le reste… »

Quelques éclaircissements dans [ à propos… ], et le sommaire des [ narrations ] …